Dans un contexte où les villes se transforment à grande vitesse, une notion prend de plus en plus d’ampleur : la maîtrise d’usage. Derrière ce terme se cache une approche qui place les habitants et leurs besoins au cœur de l’aménagement urbain. L’Assistance à Maîtrise d’Usage (AMU) regroupe aujourd’hui plusieurs métiers émergents qui visent à mieux comprendre et intégrer les usages réels dans la conception des espaces urbains.
Grâce à des outils participatifs comme des ateliers, des cartographies sensibles ou encore des instances de concertation, l’AMU associe habitants, techniciens et élus pour créer des espaces qui répondent véritablement aux attentes locales. C’est un changement de paradigme essentiel pour repenser la gouvernance des projets urbains et donner une place centrale à l’expertise d’usage des citoyens.
Replacer l’humain au cœur de la gouvernance urbaine
Si l’on prend un peu de recul, on se rend compte que la dimension sociale et collective des projets urbains a peu à peu perdu du terrain ces dernières décennies. Avant 2010, certains marchés de maîtrise d’œuvre urbaine reposaient sur un cadre juridique appelé le "marché de définition". Celui-ci imposait une phase longue d’échanges et d’ateliers, permettant une véritable intelligence collective entre collectivités, experts et parfois même habitants.
À l’époque, il n’était pas rare que des sociologues ou des programmistes soient en tête de projet, notamment pour des opérations de renouvellement urbain. Mais progressivement, ces approches ont été mises de côté au profit d’une vision plus techniciste, portée par les architectes et urbanistes.
Aujourd’hui, l’AMU revient sur le devant de la scène, et ce n’est pas un hasard. Dans un contexte de défiance croissante envers les institutions, où de nombreux citoyens se sentent déconnectés des décisions qui les concernent, il devient urgent de rétablir un dialogue. En intégrant l’AMU dès la conception des projets, on replace les habitants au centre du processus et on favorise une gouvernance plus collaborative.
De la concertation à la co-construction : vers une nouvelle manière de faire la ville
Loin d’être une simple méthodologie de participation, l’AMU permet d’aller plus loin : elle instaure des espaces où habitants, élus et techniciens fabriquent ensemble les projets urbains. Cette approche favorise des pratiques comme les diagnostics partagés, la gestion collective d’espaces publics, la mise en place de tiers-lieux ou encore la création d’assemblées citoyennes.
Pourquoi est-ce si important ? Parce qu’en intégrant les futurs usagers dès la phase de conception, on objective les besoins réels des territoires, on identifie ensemble les problématiques, les sujets de vulnérabilité, et l’on imagine ensemble des solutions qui contribuent à résoudre une part de ces vulnérabilités. Par ailleurs, on maximise l’appropriation des lieux par les habitants, ce qui limite les conflits d’usage à long terme. Et enfin, on fabrique avec les habitants de véritables projets de territoires. On sort donc d’une vision mortifère de la “concertation”, qui consiste simplement à faire de l’information descendante et “faire accepter les projets urbains”.
L’urbanisme du care : prendre soin des territoires et de leurs habitants
L’AMU s’inscrit dans une dynamique plus large, celle d’un urbanisme du care, une approche qui met l’attention à l’autre au centre des politiques urbaines. Cette vision, que nous portons chez LDV Studio Urbain, consiste à penser la ville comme un espace qui favorise le lien social, le bien-être et l’inclusion.
Pourtant, malgré ses nombreux avantages, l’AMU reste encore marginale dans les processus de fabrication urbaine. Elle est souvent perçue comme une charge supplémentaire, plutôt que comme un véritable investissement sur le long terme. Pour changer la donne, il est crucial de sensibiliser et de former les urbanistes, architectes et élus à ces nouvelles pratiques.
Faire de l’AMU un standard dans la fabrique urbaine
L’AMU n’est pas un simple outil, c’est une nouvelle manière de concevoir la ville. Elle permet de repenser la gouvernance des projets urbains en intégrant les habitants comme acteurs à part entière. En favorisant la co-construction et en s’inscrivant dans l’éthique du care, elle contribue à créer des villes plus inclusives, plus résilientes et plus démocratiques.
Chez LDV Studio Urbain, nous sommes convaincus que cette approche doit devenir la norme. Grâce à notre expertise pluridisciplinaire, nous accompagnons les acteurs publics et privés pour intégrer la maîtrise d’usage dans leurs projets, et ainsi, concevoir des espaces qui répondent véritablement aux besoins des habitants.
L’urbanisme de demain ne peut plus se contenter d’être descendant. Il doit être co-construit, en prenant en compte la diversité des expériences et des usages. L’AMU est une formidable opportunité pour y parvenir. Ne la laissons pas passer.
Retrouvez d'autres de nos propositions dans l'ouvrage de Yoann Sportouch, le fondateur de LDV Studio Urbain, "Pour un urbanisme du care"
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